La synergie d'un groupe

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6 janvier 2022

Pourquoi le marché de la sécurité privée est-il à un tournant ?

INTRODUCTION

En 1991, on comptait 40 000 agents de sécurité privée. En 2021, il y en a désormais 170 000. En trente ans, le marché de la sécurité privée a augmenté de façon constante. Sera-t-on 650 000 en 2050 ? Je doute que la réponse soit oui. La robotique, le numérique, les datas, bref, les technologies d’une manière globale perturbent chaque domaine. Actuellement, peu d’entreprises, et ce, dans n’importe quel secteur, ont un business model bien tracé pour les dix ans qui viennent. La crise de la COVID-19 nous a secoués, nous secoue et va encore fortement nous secouer ces prochaines années. Les défis que nous avons à franchir sont énormes. Les enjeux et les risques sont quant à eux autant de facteurs qui nous permettent de dire que l’environnement se complexifie. La sécurité privée, marché important avec les chiffres annoncés en préambule, se trouve à un tournant majeur. Je propose ici de parcourir certains constats, pour ensuite imaginer nos solutions de demain. En route !

La professionnalisation du marché

Les gros bras, les barbouzes, les agents de sécurité sans formation, tout ça est « presque » fini. En tout cas, le non-respect de la loi entraîne de graves sanctions. CNAPS, formation, loi sécurité globale et fusion des syndicats patronaux du secteur (métiers(1)et formation(2)) sont des indicateurs qui démontrent les mutations en cours. Absence de formation jusqu’en 2009 à un mois et demi pour rentrer dans la branche en 2021, quelle profession en a fait autant ? On peut, quoi qu’on en dise, se féliciter pour cet effort collectif. Notons aussi que le marché se complexifie en matière de faisabilité et de règles. Conséquences : les acteurs doivent s’armer de compétences et de ressources toujours plus importantes pour gérer au mieux ces sujets. Contrôles, procès et avocats sont devenus le quotidien des sociétés de sécurité privée. Ce n’est en aucun cas un reproche, mais un constat. Le niveau de professionnalisme monte, car le législateur réforme et la profession suit, pour une grande partie. Nous n’avons jamais connu autant de lois et de modifications dans notre secteur d’activité en dix ans. Quel secteur aujourd’hui peut en dire autant ?

Les majors partent et le marché se massifie fortement

Autre observation sur les dix dernières années, Brink’s, G4S et Prosegur, les trois leaders mondiaux de la surveillance humaine en France, sont partis ou ont été rachetés. Sur cette période, le nombre d’entreprises ayant plus de cent millions d’euros de CA est passé de trois à dix. En une décennie, nous avons connu deux rapprochements, Securalliance et le Consortium, qui offrent une alternative aux grands groupes. Ces phénomènes laissent à penser que le marché se consolide, et va encore se transformer avec l’arrivée des Jeux olympiques de 2024 et la mise en application de la loi sur la sécurité globale. A l’instar de la sécurité électronique il y a quelques années, ou bien de la télésurveillance, les entreprises de petites tailles vont avoir de plus en plus de difficultés. Quant aux majors, les bateaux sont trois fois plus gros à diriger qu’il y a 20 ans. Enfin, une question peut se profiler à court ou moyen terme : à qui le tour ?

Nous n’avons jamais été à un tel niveau de tension en matière de recrutement

La profession évoque vingt à vingt-cinq mille agents manquants à date, sans tenir compte de la Coupe du monde de rugby et des Jeux olympiques. Elle parle aussi d’une pénurie de main-d’œuvre(3), si l’on exclut la mise en application de l’une des mesures de la loi « sécurité globale » sur les travailleurs étrangers qui va exclure, in fine, 20% des agents de sécurité privée. Au-delà de la sécurité, la France va arriver – ou est arrivée – au plein emploi, et le système se retrouve dans une sorte d’engluement. Tous secteurs confondus, le personnel manque et se raréfie. Il y aurait trop de social, trop de droits, trop de contraintes ; c’est le mécanisme complexe d’une crise de l’abondance(4), comme l’explique très justement, François Olivier dans son dernier ouvrage.

Le recrutement devient, à l’instar du commerce, une guerre permanente. Il faudra innover, chercher la performance collective sur des accords sociaux pertinents, trouver un ou des modèles de motivation innovants, tout en gardant en tête qu’il faut conserver une performance économique. L’équation a chaque jour plus d’inconnues, qui saura la résoudre au mieux ? Les majors pris dans leur lourdeur administrative ou les plus petits manquant de moyens ?

Nous sommes à l’aube des nouvelles technologies

Les drones et les robots de surveillance « poussent ». Depuis dix ans, nous assistons à une recrudescence des drones sur le marché de la surveillance humaine. Ces derniers représentent un pari difficile économiquement. Cependant, DELTA DRONE, acteur majeur du secteur, annonce être bénéficiaire pour la première fois depuis ces dix ans d’existence(5). Les autorisations de vols et la CNIL sont deux éléments qui freinent l’essor de ce marché. De nombreux crashs d’entreprises en sont la preuve. Sur les drones, nous pouvons imaginer plutôt que la menace pèse plutôt sur les clients, qui risquent des attaques sur leurs sites. Un reportage(6) d’ARTE sur le sujet est, je trouve, assez intéressant d’ailleurs. La sensibilisation des Hommes de terrain sera un plus. Quant aux robots de surveillance, aussi appelés « robots-rondiers », ils arrivent à grands pas et/ou sont déjà là. On peut supposer qu’ils seront prochainement dans nos centres commerciaux et dans nos rues. Les grandes puissances et toutes les grandes entreprises investissent dans la R&D. À force de chercher, de réfléchir et de construire, l’Homme trouvera les solutions idoines. Comme pour l’avion non polluant de demain, il volera. La logique de sécurisation permanente, le climat anxiogène, les crises à répétition, les risques de la ragéosphère d’Internet(7), la géopolitique, la guerre sur le climat, et j’en passe, font que l’apparition et la mise en place de nouvelles technologies seront acceptées, de même que la robotisation. Enfin, les GAFAM, viendront sans aucun doute perturber, eux aussi, le marché de la télésurveillance.

Crise de la COVID-19

Comme toute crise, celle de la COVID-19 a bouleversé les esprits et les habitudes, et bouleversera d’une façon ou d’une autre l’économie. Dette à rembourser, logique du marché du travail, remise en cause des pensées et du pouvoir, recherche de sens, lutte contre l’autorité… Ajoutons à cela le télétravail, le développement des visioconférences, la réalité augmentée, l’envie de rester chez soi, qui feront que les locaux ou les sièges sociaux de quatre ou cinq mille personnes deviendront obsolètes, ou devront jouir d’espaces de sport, de commerces et de tous les services appropriés pour faire venir les gens @work. Quels défis… Mais la crise de la COVID-19 aura mis en avant le secteur de la sécurité privée et démontré, s’il le fallait encore, l’importance de son rôle et de sa mission dans la sécurité de la nation. Les agents, hommes et femmes, ont fait preuve de courage, d’abnégation, de compétences, avec l’espérance d’avoir un jour la vraie reconnaissance qu’ils méritent, comme pour tous les métiers de première ligne, et un salaire à la hauteur de leurs missions. À quand le treizième mois, à l’image de la sûreté aéroportuaire, ou déjà appliqué dans des pays voisins ? Qu’attendons-nous ? L’immobilisme, pratiqué par certains syndicats patronaux ou salariaux, devient pathétique. Le législateur devra-t-il encore réformer ? Les entreprises qui innoveront avec leurs partenaires sociaux auront, en tous les cas, une longueur d’avance à n’en pas douter.

PGE, économies, géopolitique, risques

La crise a aussi connu son lot de contraires, puisqu’en 2019 et en 2020 les liquidations judiciaires ont chuté de 40 %(8) et devraient encore diminuer de 17% cette année, selon Euler Hermes (contre une baisse de 6% au niveau mondial). Néanmoins, leur nombre devrait rebondir l’an prochain, avec une augmentation de 40 % en France, contre une de 15 % à l’échelle mondiale. Les sociétés et l’économie, à la surprise générale – ou pas –, se portent bien, en particulier en France. En 2022 et dans les années qui vont suivre, les entreprises commenceront à rembourser le PGE. Le monde économique, forcé de s’adapter aux changements, notamment sur la RSE, la transition écologique, le numérique, l’électrique, la 5G, etc., cherchera forcément des gains de productivité. La géopolitique et le défi de la paix dans le monde, battent de l’aile, et les affronts stratégiques sont inquiétants : trumpisme, complotisme, Brexit, inversion des puissances économiques – le G7 pèsera 50 % de moins que le E7 en 2040(9) –, crises migratoires, accroissement des écarts de richesses, hégémonie des GAFAM, et j’en oublie encore beaucoup…

À l’aube des élections présidentielles, de la Coupe du monde de rugby, des Jeux olympiques 2024 et des risques identifiés ci-dessus, il est évident que les besoins sécuritaires vont être au rendez-vous mais les défis économiques vont l’être tout autant. Il y aura forcément des opposés et l’équilibre sera un art…

Vision, éclosion, mutation, convergence…

Ces mots forts sont ceux qui me viennent à l’esprit pour envisager un avenir serein, si nous pouvons le juger comme tel. En tant que président fondateur, j’assume. « Un chef, c’est fait pour cheffer », s’amusait à dire l’un de nos présidents de la Ve République. Alors, « cheffons » ! Je vois surtout les travaux qui attendent les dirigeants d’entreprise, et il va falloir faire preuve de courage et tenir sur la durée.

Il conviendra surtout d’avoir une vraie vision si, dans la sécurité privée ou ailleurs, nous souhaitons réussir, grandir, persister et faire sens. Les éléments qui nous entourent sont là, ils ne disparaîtront pas ; adaptons-nous, prenons des risques et ne subissons pas.

Yuval Noah Harari, dans son dernier livre « Homo deus » (10) fait remarquer que dans les temps anciens, le savoir se mesurait avec un accès aux données. Dans les temps d’aujourd’hui et de demain, cela se mesurera à l’intelligence des individus à ce qu’il faut savoir ignorer. Nous pourrions le transposer aux entreprises. Celles qui se concentreront, qui auront une pensée claire, une vision concrète et qui sauront bien voir, bien écouter sans sortiront certainement mieux.

Chez SGP, nous sommes dans une phase essentielle de notre histoire, celle de l’expansion, et du déploiement de notre stratégie. Dans le même temps, le marché, nous l’avons vu ici, est aussi dans une mutation forte : celle de la réorganisation, de l’innovation et de la transformation.

Xavier Fontanet, ancien président d’Essilor, l’un des beaux fleurons français industriels de l’époque (11), a mentionné une force collective quand il a annoncé que son groupe partait à la conquête du monde. Dans son dernier livre(12), il raconte la fabuleuse aventure humaine que les hommes et femmes « essiloriens » ont pu vivre ensemble. Il parle de l’effet si important des buts, des sens, des valeurs et de la prise en compte de l’humain dans ces aventures si captivantes, si « habitées ».

« Habitée » est, selon moi, l’un des mots qui décrit le mieux la passion que j’ai pour SGP, ses femmes, ses hommes, son histoire, sa culture, son parcours, ses échecs, ses réussites, ses envies, ses peurs et sa passion débordante pour un métier qui doit être mis en lumière malgré les vieilleries et réflexes passéiste de la sécurité privée. SGP veut compter, SGP veut grandir, SGP veut muer, SGP veut converger, SGP veut éclore… En 2032, SGP sera dans le top 10 de la sécurité privée en France et y restera pour longtemps.

Ambition, vision, mutation, convergence « human-tech », formation, qualité, certifications, expansion, croissance, excellence : nul doute que les défis sont nombreux, mais nul doute aussi que cela va être une aventure passionnante. Des défis d’aujourd’hui aux enjeux de demain, SGP veut compter, entreprendre et entame sa mue. De la chenille au papillon, d’écosystème en écosystème, de renouveau en renouveau, de compliqué à complexe, les chemins et les voies sont tellement diverses…

SGP a trouvé la sienne, et j’ai dans le même temps affiné la mienne : m’adapter, croître, faire mieux, converger et vivre avec mon époque, l’épouser.

Florian Pette

Président


(1) Fusion en 2019 du SNES et de l’USP : https://ges-securite-privee.org/
(2) Fusion en 2021 de l’UNAFOS et le FPS : https://ufacs.org/
(3) https://www.lemonde.fr/podcasts/article/2021/10/13/pourquoi-la-france-connait-elle-des-penuries-de-main-d-uvre_6098109_5463015.html
(4) https://www.editions-observatoire.com/content/La_crise_de_labondance
(5) Information En toute sécurité : https://twitter.com/i/web/status/1453652006808264708
(6) https://www.arte.tv/fr/videos/067856-000-A/securite-nucleaire-le-grand-mensonge/
(7) Dernière interview d’Alain Bauer sur le sujet sur Xerfi, le 07/10/2021 : https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/06/09/crise-du-covid-19-et-liquidations-de-commerces-des-chiffres-tres-paradoxaux_6083461_4355770.html
(8) https://www.msn.com/fr-fr/finance/economie/redressements-et-liquidations-continuent-de-fortement-baisser-en-france/ar-AAPbfQL
(9) https://www.tallandier.com/livre/guerres-invisibles/
(10) https://fr.wikipedia.org/wiki/Homo_Deus_:_Une_br%C3%A8ve_histoire_de_l%27avenir
(11) https://portail-ie.fr/short/2866/fusion-dessilor-avec-luxottica-la-perte-dun-nouveau-fleuron-pour-leconomie-francaise
(12) https://www.lesbelleslettres.com/livre/4466-conquerir-le-monde-avec-son-equipe

Pré-inscription à la formation

Formation non définie