INTRODUCTION
La société occidentale valorise la vitesse. Vitesse des communications et des échanges, recherchée et revendiquée par les fournisseurs de réseaux avec la 5G ; valorisation des formats courts privilégiant l’instantanéité et l’éphémère sur de nombreux réseaux sociaux, sur-sollicitations par mails et multiples « notifications » de nos applications qui nous maintiennent rivés, connectés, sur le qui-vive. Nos dictionnaires ont même fini par intégrer cette surcharge informationnelle sous le vocable d’« infobésité »(1) qui traduit la lourdeur que finit par produire ces objets numériques sur nos esprits.
Quitter le réflexe pour entrer dans la réflexion telle pourrait être la problématique à laquelle tout professionnel se trouve exposé à plus d’un titre.
Se former c’est acquérir de nouvelles compétences, renforcer ses acquis ou surmonter ses faiblesses. La formation peut s’envisager comme ce salutaire pas de côté face à l’urgence du quotidien. Elle nous invite à mener une réflexion sur notre activité professionnelle, sur la nature de notre travail, sur nos manques et nos attentes. A titre individuel, c’est un moyen idéal pour se dépasser soi-même et réorienter le cours de son expérience professionnelle. Pour l’entreprise, c’est une excellente façon de fidéliser ses meilleurs éléments et les maintenir au top de leur efficacité et de leur investissement. Enfin, pour beaucoup de nos candidats ou personnels, la formation c’est aussi ce formidable moteur d’émancipation personnelle ouvrant sur des futurs paraissant naguère fermés.
S’il y a bien un métier où la formation est un levier aux multiples effets, c’est bien le nôtre, celui de la sécurité privée. Voyons toute la valeur ajoutée que nous pouvons en attendre.
I) La formation en sécurité privée : de la gageure initiale aux exigences actuelles
Il s’agit d’un secret de polichinelle mais pour bénéficier d’une prestation de qualité, il faut que le personnel employé soit compétent. Pour cela, il faut qu’il ait reçu une formation complète, en prise avec les évolutions technologiques, juridiques et scientifiques du monde actuel. Dans la sécurité privée, ces bases étaient particulièrement friables. Une seule loi de 1983 cadrait notre profession, le CNAPS n’existait pas et le seul diplôme exigé consistait à vaguement présenter un CV lors de son entretien d’embauche. Sans contrôles, si ce n’est un vague mais poli « bon pour l’emploi » adressé par la préfecture, sans diplômes, sans valeur pourrait-on dire, nos métiers souffraient d’une absence de valorisation qui peinait à intéresser les demandeurs d’emploi ou susciter le désir d’une jeunesse souhaitant entrer sur le marché du travail.
Il fallut attendre 2008(2) pour que soit mis en place le CQP APS, diplôme certifiant de l’aptitude professionnelle de son titulaire ; 2016(3) pour que soit décidé un recyclage annuel de cette formation tous les 5 ans ; 2021 pour que soit décidé de le renommer en TFP APS pour Titre à Finalité Professionnelle afin de l’harmoniser avec d’autres formations équivalentes.
Dans les faits, la mise en place du CQP d’une durée initiale de 140 heures, rapidement enrichi de nouveaux modules le faisant passer à 175h a eu pour effet immédiat d’augmenter le niveau de compétences et l’ajuster un peu plus à hauteur des attentes des professionnels. On ne peut malheureusement que constater qu’en l’état, la formation ne permet que de survoler les grandes typologies de sites et de missions auquel l’agent pourra être confronté sur son lieu de travail. Des axes de spécialisation commencent cependant à voir le jour telle la formation sur la protection des sites sensibles (4). Quoi qu’il en soit, on attend désormais d’un agent qu’il soit apte à réagir de façon adéquate dans des situations aussi variées qu’un incendie en site industriel, qu’une gestion de conflit avec le public ou le personnel voire à développer les bons réflexes en cas d’attaque terroriste.
L’agent de sécurité se doit de cumuler dynamisme, rigueur et sérieux. Ce sont ces qualités qui assurent en poste, l’accomplissement d’une prestation conforme aux attentes ainsi que la délivrance de gestes sûrs et précis, répétés, analysés et intégrés lors de leur parcours formatif. C’est en connaissant leur environnement professionnel que les agents de sécurité sont capables de repérer les anomalies, savent les traiter et les signaler efficacement. L’impact sur la qualité de prestation en est évidemment décuplé et le risque d’erreurs fondamentales sérieusement réduites, gage de paix et de tranquillité pour tout client.
II) La formation, outil de pérennisation des compétences et des talents
Les métiers peu qualifiés sont bien souvent sujet à une problématique endémique, celle d’un taux de turn over élevé obligeant les entreprises à une valse incessante de remplacement et de recherche de nouveaux candidats pour pourvoir à leurs besoins.
Le mécanisme est aussi simple qu’il est vicieux. Le métier étant peu qualifié, il n’est pas valorisé et n’attire que des profils ayant échoués à intégrer des filières plus prestigieuses. Les candidats, parfois précarisés ou en situations d’échecs, acceptent une offre par contrainte, dans une optique de survie économique et non en raison d’une appétence pour le métier en question.
Il en résulte des prestations accomplies par défaut, voire par dépit. Le bore-out (5), cet ennui devenu souffrance psychique finit par s’installer et l’agent commence à commettre des erreurs d’inattention, se relâche, quitte à oublier jusqu’à la raison première de sa présence sur site.
Pour autant cette situation d’une déliquescence programmée n’a rien d’une fatalité à condition d’offrir à l’agent des perspectives d’évolutions. La formation est une de ces opportunités tant elle offre une chance d’accéder à des fonctions plus enrichissantes et des missions plus variées.
Quel client de la sécurité privée n’a-t-il pas souffert un jour du faible niveau de compétence ou de formation de tel ou tel agent ? L’incendie de Notre-Dame est un exemple extrême mais tellement parlant, même si la compétence de l’agent est dans ce cas loin d’être l’unique raison de ce désastre. La formation est certes un coût, elle peut aussi être vue, comprise et intégrée comme un investissement ou une réduction du coût du risque. D’ailleurs, quelle est la part du coût de la formation dans le prix de vente affiché, voilà une bonne question !
Le développement de la formation en sécurité privée s’est donc accru lors de la décennie passée. C’est tout un écosystème de compétences qu’il convient de valoriser afin de les conserver. Cet effort ne sera pas suffisant tant qu’une redéfinition profonde des métiers de la sécurité ne sera pas redéfinie par les différents acteurs de la profession. N’oublions pas dans cette réflexion l’ensemble du management intermédiaire, encore trop peu présent dans nos métiers comme l’ont fort justement remarqué les rédacteurs du livre Blanc de la Sécurité paru fin 2020. (6)
III) Les centres de formation, lieu de transmission de compétences, de valeurs et d’échanges
On ne peut aborder la thématique de la formation sans envisager le rôle central à jouer par les lieux dans lesquels se joue la transmission des savoirs. Les centres de formation en sécurité ont encore largement à prouver leurs qualités. Il n’est à ce titre pas anodin de constater que le CNAPS a fait du contrôle des centres de formation une de ses priorités de 2019 (7) , vigilance par ailleurs renouvelée en 2020(8), bien conscient des pratiques parfois douteuses de certains.
Leur rôle est pourtant central dans la montée en gamme de l’ensemble du secteur. Pour modifier les pratiques quotidiennes, il est indispensable d’en bouleverser les méthodes habituelles, reliquats d’une époque moins vertueuse. La sélection des formateurs doit faire l’objet d’un soin particulier tant sur les méthodes que sur les connaissances et les valeurs à transmettre. Le législateur l’a bien compris puisqu’il vient d’imposer dans la Loi de sécurité globale que les formateurs en sécurité privée n’aient pas fait l’objet d’un retrait de carte professionnelle ou d’une interdiction d’exercer. Enseigner la connaissance et le respect du Code de sécurité intérieure suppose donc que l’on ne l’ait pas enfreint soi-même. Les évidences mettent parfois du temps à se matérialiser.
La loi a également tenu à assortir l’aptitude professionnelle d’un agent de sécurité à sa connaissance des principes de la république. On peut penser que les centres de formation joueront un rôle essentiel dans la transmission de ces valeurs présentes au fronton de nos institutions et garantes de notre « vivre ensemble ».
Veille juridique, mise à jour sur les pratiques professionnelles et nouveautés technologiques, partage d’expériences, un centre de formation est un véritable creuset d’innovations où la créativité de chacun et les expériences multiples peuvent émerger et enrichir l’ensemble de nos agents mais également attirer toujours plus ceux désireux d’intégrer le métier.
CONCLUSION
Nos agents ont du talent et le groupe SGP s’emploie à le mettre à profit dès que possible. Il est essentiel pour nous d’identifier les potentiels présents dans nos rangs et de les aider à émerger. C’est en conservant nos pépites que nous améliorons par un effet de ruissellement, l’ensemble de nos agents. Le potentiel est illimité, la capacité à les repérer est notre plus grand défi.
C’est dans cette optique que nous avons choisi dès 2016 de créer SGP formation notre centre interne afin de maitriser au mieux le contenu et la qualité des formations dispensées. Nos clients réclamaient un changement et il n’était plus question de compter sur des diplômes délivrés en externe avec le risque qu’ils soient effectués au plus offrant et au moins regardant. Outre l’aspect pratique nous permettant de mieux gérer l’aspect opérationnel et organisationnel des formations, nous avons pu axer nos ressources au développement d’une dynamique vertueuse de partage des connaissances.
Nous croyons en la vertu de la spécialisation de l’entreprise qui fait la spécialisation de son encadrement puis celle de ses agents. Démarrer jeune ou se reconvertir, acquérir des connaissances, déployer ses compétences puis les mettre à exécution chez nos clients dans une dynamique d’apprentissage permanent, un parcours de carrière enrichissant et épanouissant, tel est le cap que se fixe avec humilité mais volontarisme le groupe SGP. C’est en ce sens que nous avons concentré nos efforts dans la création de nouveaux locaux de formation à Metz, bâtiment que nous inaugurons début septembre. C’est à cette fin également que nous débutons des travaux d’extension de notre centre de formation alsacien et c’est dans cette optique que nous organisons notre réflexion architecturale autour de notre agence des Hauts de France.
L’avenir est riche de nos parcours de vie et de nos expériences, la formation en est le plus beau des révélateurs.
- Des potentiels vastes et inexplorés, guidant les individus vers une meilleure compréhension de leurs métiers, explorant des idées nouvelles.
- Des potentiels pour nos clients, ayant affaire à des professionnels innovants, sûr de leurs compétences et aptes à réagir aux situations nouvelles.
- Des potentiels pour nos centres de formation, sans cesse à l’affut des nouveautés, moteurs d’innovations et facteurs de développement.
La formation ouvre de nouveaux possibles.