La continuité de service, rouage essentiel, a, pendant la crise, pris tout son sens. La sécurité privée a maintenu sa production et n’a pas eu, comme bien d’autres secteurs d’activité, une baisse violente de chiffre d’affaires. Le GES, syndicat professionnel français des entreprises de prévention et de sécurité, a annoncé 20 à 25%* de baisse d’un point de vue national. Nous n’avons tout simplement pas le droit de nous plaindre.
Rappelons cependant et à juste titre, que notre secteur comporte plusieurs métiers et leur continuité a été disparate. L’évènementiel, le transport de fond, la vidéo surveillance, le retail, l’hôtellerie, la culture, les parcs de loisirs et j’en oublie certainement, sont des secteurs où la sécurité, fortement sollicitée a dû se réinventer. La polyvalence, si complexe à gérer socialement, a été une première solution. Sans quoi, le chômage partiel s’imposait. La poursuite de celui-ci sera-t-il admis pour les acteurs de notre profession qui sont spécifiquement adossés à ces marchés ? La réponse, à l’heure où ces lignes sont écrites, n’a pas encore été donnée.
A contrario, la grande distribution, la logistique, les hôpitaux, sont des domaines où les agents ont été fortement sollicités et ont dû gérer des situations complexes. L’industrie, le tertiaire, les sites à haut risques, les musées, les sièges sociaux, sont des secteurs ou les agents sont devenus les « seuls gardiens du feu » passant dans certains cas, de 2500 personnes sur le site par jour à leur seule présence.
Notre métier classique est devenu un métier émérite. Lettre de félicitations, mail d’encouragements, plateaux repas servis pendant toute la période du confinement, EPI donnés en grande quantité, altruisme, reconnaissance, remerciements…Les « vigiles », comme certains osent encore les nommer, ont pris du grade aux yeux de nos clients et des français. C’est un point prégnant pour le continuum de sécurité qui, nous l’espérons, naîtra enfin.
*Communiqué GES, site internet. Synthèse : – de 20 % à 25 % de baisse d’activité – environ 16,5 % de chômage partiel – (…) https://ges-securite-privee.org/actualites/impact-economique-du-covid-19-sur-la-securite-privee
LA CONTINUITE DE SERVICE, OUI, MAIS AVEC QUELLE RESSOURCE ?
La complexité de cette crise pour la sécurité privée a été de faire face simultanément à un afflux de demandes et à des annulations de prestations récurrentes. Le recrutement fut quasiment impossible et une partie du personnel ne souhaitait plus aller sur site ou invoquait des droits de retraits.
Les cellules de crises ont souffert devant tant de décisions à prendre dans un temps très court, mais qui s’annonçait très long ! Le groupe SGP a fait le choix de refuser toutes demandes externes ; il s’est concentré uniquement sur SES clients. Face à ce contexte pour le moins chaotique, SGP a décidé, le 2 avril 2020, de se tourner vers la prime exceptionnelle pouvoir d’achat comme levier. Associée à une assurance santé complémentaire spéciale Covid-19, pour l’ensemble des salariés et des moyens de protection sur site, nous avons été à la hauteur, tout comme nos troupes sur le terrain. Nous avons été les pionniers dans la sécurité privée sur ces mesures et nous n’en sommes pas peu fier, car elles montrent toute la différenciation que nous voulons porter à nos collaborateurs.
Cela nous a permis de ne pas utiliser de sous traitance, d’avoir l’ensemble de nos postes couverts sur les sites et de gérer avec plus d’aisance les demandes supplémentaires de nos clients. En période de crise, la continuité de service est devenue un avantage concurrentiel même si elle peut paraître normale lorsque tout semble sous contrôle.
LA COMMUNICATION AVEC NOS EQUIPES, AVEC NOS CLIENTS, UN MAILLON DE LA CONTINUITE DE SERVICE ?
Motiver les troupes sur le terrain, à distance, sans contact, les écouter, les entendre, donner des consignes, passer des messages, trouver les bons mots, écrire, emmener, rassurer, conforter… La communication de crise, le langage, étaient de vrais défis. Les mots ont été aussi forts que les masques. Le général De Villiers, lors d’une de ses récentes interventions*, mentionnait : « la vulnérabilité se situe entre le siège et le clavier ». Il parlait de cybercriminalité. Mais cela peut nous faire penser au poids des mots écrits, qui pouvaient se révéler toxiques ou magiques !
En même temps que les salariés, les clients se devaient d’être informés sur les actions en cours, celles à venir et bien entendu celles, comme la prise de températures, nécessitant des éclaircissements. Sur cette prise de température, nous avons tout eu. Pour, contre, indécis, agent de sécurité, hôtesse d’accueil, caméras thermiques avec une précision infaillible, des « oui, les agents ont le droit », des « non, surtout pas ». Eu égard à ce méli-mélo de positions, la profession a eu bien du mal à se décider. Pour SGP, la position est restée la même et n’a pas déviée**.
*Les entretiens Royaumont – Pierre de Villiers- annonce du thème 2020 – Leadership – discours.
**CF – News letter N°6 – Groupe SGP du 5 mai 2020 avec extraits des analyses du cabinet Lsix.Paris.
LES DIFFERENTS MOYENS DE COMMUNICATION, L’AUTRE MAILLON DE LA CONTINUITE ?
Sms, newsletters, communiqués, intranet, extranet, site internet, réseaux sociaux, groupe Whatsapp, messenger, starleaf, Zoom…Les moyens de communication sont tellement nombreux. Nous pouvons mesurer aujourd’hui pourquoi la grippe espagnole, d’origine américaine, a fait autant de dégâts : la faute, entre autres, aux faibles moyens de communication d’antan qui apparaissent si archaïques face à ceux d’aujourd’hui. Ces outils sont, dans notre époque, une aide considérable. Le groupe SGP a, à sa petite échelle, mis tous les moyens nécessaires afin d’informer en masse et de manière claire ses collaborateurs, collaboratrices, ainsi que ses clients. Il est patent que dans le monde de demain, les mots, notre langage, les moyens de communication joueront un rôle essentiel à la continuité de service.
LE NOUVEAU SYNDICAT PATRONAL, LE GES, AUTRE MAILLON DE LA CONTINUITE DE SERVICE ?
Le 5 juin 2019, les annonces de la naissance de ce grand syndicat (2,7 milliards d’euros cumulés) réunissant la profession et visant à améliorer notre secteur voit le jour. Ce syndicat patronal, avec des intentions nobles et ambitieuses il y a tout juste un an, a-t-il été, pendant la crise, un autre maillon de la continuité de service ? C’est en effet, une attente qu’adhérents, salariés, donneurs d’ordre, pouvaient espérer.
« Au-delà des espérances », une expression qu’on aurait tant aimé utiliser pour décrire leur rôle pendant la crise, restera un espoir vain. Le GES n’a insufflé que des jérémiades : à l’encontre du CNAPS, à l’encontre de Bruno Le Maire et son incitation à donner une prime, à l’encontre d’un Etat qui était censé se substituer à tout. Mieux encore, ils appellent à facturer aux clients les équipements Covid-19, en rajoutant au passage diverses charges extrêmement variées pour, nous n’en doutons pas, augmenter la sécurité des salariés…*. Belle solidarité, belle exemplarité ! Très franchement, vu de l’intérieur, je me suis pris à les imaginer dans la rue tellement leur communication a été négative…
On pourrait également citer leur prise de position sur la prise de température avec leur titre « Non, mais oui ! », OUI on aura tout vu ! NON à la prise de positions claires ! Aucune réflexion, aucune avancée ! C’est sûr qu’ils peuvent dire que notre profession va mal avec tant de négativisme. N’est-on pas en droit d’attendre d’un syndicat professionnel énergie, ambition, propositions et esprit positif ? En toute humilité, le GES, a servi des intérêts mais certainement pas l’intérêt de 90% des adhérents, ni celui des donneurs d’ordre et ni celui des salariés du secteur. C’est à se demander ce qu’ils veulent vraiment défendre…
Sans compter le président du GES, qui en coulisses devait s’affairer à préparer une vente historique du géant espagnol Prosegur quittant avec pertes et fracas le marché de la sécurité privée en France. Le journal « En toute sécurité », tant connu dans le milieu et qui fête ses 30 ans, parle de séisme** suite à ce rachat. Comment, le président du GES, a-t-il pu être concentré, attentif, et au combat pour la profession en négociant une telle vente dans le même laps de temps ? Nous pouvons légitimement nous poser la question. Pour ma part et à mon humble avis, non, le GES n’a pas été un maillon de la continuité de service !
*GES-info N°7- 28mai 2020 : Facturation frais fixes + équipements de protection sanitaires. https://ges-securite-privee.org/actualites/facturation-des-charges-fixes-et-eps
**Journal « En Toute sécurité » juin 2020 – article « Prosegur : le pari Fiducial ». Rédaction P.Haas.
Pour conclure :
OUI, la sécurité privée a souffert, OUI la sécurité privée a dû faire face, OUI, nous devrons faire face encore demain… Mais le mérite revient aux hommes et aux femmes qui ont été en première ligne. Ces métiers de l’ombre redevenus lumière, ces métiers oubliés devenus placardés, même chantés par Jean Jacques Goldman. Une médaille, une prime, une augmentation ? Je serai bien présomptueux de pouvoir donner une réponse. Une chose est certaine, c’est que nous devons faire mieux, pour parler de continuum de la sécurité. Ce joli mot, le continuum, n’a de sens si celui-ci fonctionne…
Nous devons faire bien plus pour construire demain une sécurité qui se veut professionnelle, digne et attractive. Pour les prestataires que nous sommes, il va falloir être pionniers dans nos relations sociales, pionniers dans l’innovation, pionniers dans l’alliance technologies-humain, pionniers dans la différenciation. Il ne va pas falloir suivre, il va falloir tracer sa route dans un marché si globalisé, si massifié, si aseptisé. C’est le chemin que prend le Groupe SGP pour que demain nous puissions surmonter toutes les crises tel un marathonien endure les kilomètres.
Florian PETTE
Président du Groupe SGP