À partir du 1er janvier 2025, nombreux sont les secteurs de l’économie réelle qui devront gérer plusieurs hausses économiques (augmentation des charges, revalorisation du SMIC…). La sécurité privée n’est évidemment pas épargnée par ces multiples majorations, alors faisons le point.
Les hausses économiques propres à notre secteur
Pour rappel, le 25 septembre 2023, l’accord collectif triennal relatif aux revalorisations salariales pour 2024, 2025 et 2026 dans la branche des entreprises de prévention et de sécurité était signé.
Les différentes parties signataires de cet accord ont convenu de procéder à une revalorisation des coefficients de la convention collective de +3,2 %, dès le 1er janvier 2025[1].
À cela s’ajoute l’augmentation de certaines primes connexes telles que la prime d’entretien des tenues qui s’établit désormais à 8,54 € net par mois, la prime panier qui passe à 6,68 € par mois ou encore la prime spécifique attribuée aux agents cynophiles pour l’entretien de leur animal.
D’une manière beaucoup plus globale, le projet de loi de finances pour 2025, déposé à l’Assemblée nationale le 10 octobre dernier et toujours en cours d’examen au Parlement à l’heure où nous écrivons ces lignes, suscite plusieurs réactions au sein des partis politiques, certains menaçant le gouvernement de Michel Barnier de censure.
Un des sujets les plus prégnants concerne la suppression définitive de la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) initialement prévue pour 2024 et dont le report est désormais fixé à 2027[2]. Il n’est désormais plus possible de bénéficier d’une exonération ou d’un abattement sur celle-ci.
Par ailleurs, le caractère rétroactif du calcul des heures supplémentaires selon qu’il y a eu durant le mois des congés ou des arrêts maladie vient également impacter les marges des entreprises[3].
Une incertitude économique ?
Avec la revalorisation régulière du SMIC, les charges sociales augmentent inévitablement, particulièrement pour les entreprises qui emploient de nombreux salariés à des niveaux proches du SMIC. C’est le cas des entreprises de sécurité privée dont les métiers d’entrée dans la profession se situent légèrement au-dessus du salaire minimal.
À ceci s’ajoute l’effet délétère de l’inflation déjà présente sur le marché depuis plusieurs années.
Ces hausses renforcent la « pression de la masse salariale », dépense la plus importante pour le secteur de la sécurité privée, en forte demande de main-d’œuvre.
Si les employeurs bénéficient encore d’une réduction générale des cotisations patronales (allocations familiales, assurances maladie, assurance chômage…), appelée réduction Fillon, lorsque le salaire d’un employé est inférieur à 1,6 fois le SMIC, des incertitudes demeurent quant à sa part pour 2024 et les années suivantes[4].
S’ajoutent enfin aux salaires et aux cotisations ce qu’on appelle les compléments de salaire (mutuelle de l’entreprise, titres restaurant…). Là encore, de fortes hausses sont à prévoir, les mutuelles cherchant également à rééquilibrer leurs comptes face aux diminutions de remboursement de la Sécurité sociale[5].
Pour tenter d’y voir plus clair, le Groupement des entreprises de sécurité (GES) a mis en place il y a quelques années l’ICSP (indice des coûts de revient de la sécurité privée)[6].
Tous les mois, cet outil publie l’évolution du poids d’indice de l’année en cours, afin de mieux refléter les coûts réels liés aux hausses salariales et par la même occasion des autres charges. Tout simplement, il mesure les évolutions du coût de la main-d’œuvre des agents de la sécurité privée.
Il n’en demeure pas moins que de lourds nuages s’amoncellent et qu’il demeure plus que jamais central de pouvoir tracer la ligne d’un futur économique clair.
L’incertitude politique appelle l’incertitude économique. Gageons que le gouvernement français parviendra à se sortir des considérations partisanes afin d’établir un budget à la hauteur des enjeux de nos entreprises et de notre pays.
[1] GES (Groupement des entreprises de sécurité), « Signature de l’accord relatif aux revalorisations salariales pour 2024, 2025 et 2026 dans la branche prévention-sécurité »
https://ges-securite-privee.org/actualites/signature-de-laccord-relatif-aux-revalorisations-salariales-pour-2024-2025-et-2026-dans-la-branche-prevention-securite
[2] Entreprendre.service-public.fr, « Réduction progressive de la CVAE jusqu’à sa suppression en 2027 », mai 2024
https://entreprendre.service-public.fr/actualites/A17055
[3] GES (Groupement des entreprises de sécurité), GES-INFO n° 28 relatif aux congés payés et aux arrêts maladie, juin 2024
https://ges-securite-privee.org/ges-info/ges-info-n28-relatif-aux-conges-payes-et-aux-arrets-maladie
[4] LegiSocial, « Réduction Fillon : quelles pourraient être les modifications apportées au régime de l’année 2024 ? », octobre 2024
https://www.legisocial.fr/actualites-sociales/6967-reduction-fillon-quelles-pourraient-modifications-apportees-regime-annee-2024.html
[5] Le Monde, « En 2025, une baisse du remboursement par la “Sécu” des consultations et des médicaments », novembre 2024
https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/11/18/en-2025-une-baisse-du-remboursement-par-la-secu-des-consultations-et-des-medicaments_6401428_3224.html
[6] GES (Groupement des entreprises de sécurité), « L’indice des coûts de revient de la sécurité privée »
https://ges-securite-privee.org/indice-icsp