Dans le cadre de son engagement auprès des associations, le groupe SGP récompense chaque année 5 associations dans lesquelles s’investissent son personnel. En 2024, l’association AAPPMA d’Albert a fait partie des 5 associations bénéficiaires.
Président de l’AAPPMA depuis près de vingt ans, Laurent Froidure s’investit dans l’association depuis plus de 35 ans. Garde-pêche, vice-président, puis président, il connaît chaque aspect de cette structure locale, essentielle à la préservation des milieux aquatiques et à la pratique de la pêche dans la Somme. Grâce à son engagement, l’association transmet la passion de la pêche à tous, y compris aux plus jeunes, à travers une école dynamique et ouverte à tous.
- Pouvez-vous présenter votre association ? Quel est son rôle ?
Notre association est une AAPPMA, c’est-à-dire une Association Agréée pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique, affiliée à la Fédération départementale de pêche de la Somme. Nous avons en charge la gestion des étangs d’Albert : cela inclut les rempoissonnements, la protection des milieux, la surveillance du site et bien sûr les actions de sensibilisation. Depuis 2005, nous avons mis en place une école de pêche pour initier les jeunes à cette pratique et leur transmettre le respect de l’environnement.
Chaque année, nous organisons également des concours et de nombreuses autres activités. D’ailleurs, il y a peu, nous étions avec les jeunes dans un carpodrome pour une séance d’apprentissage.
- Quel est le rôle d’une AAPPMA pour un pêcheur qui prend sa carte de pêche ?
Pour pouvoir pêcher dans la Somme, il faut obligatoirement être en possession d’une carte de pêche, délivrée par l’une des AAPPMA du département. Autrement dit, pour accéder aux parcours de pêche du territoire, que ce soit dans le canal du Nord, les rivières ou les étangs, il faut adhérer à l’une de nos associations.
À Albert, nous disposons de deux étangs mis à disposition par la commune, ainsi que des parcours le long de la rivière Ancre pour lesquels nous louons des droits de pêche.
Sur le plan financier, il faut savoir que notre association ne perçoit qu’une petite partie du prix de ces cartes. Par exemple, pour une carte interfédérale, qui permet de pêcher dans plusieurs départements, le tarif est de 112 euros. Sur cette somme, seulement 23 euros reviennent à notre AAPPMA. Le reste est réparti entre différents organismes : la Fédération Nationale, l’Agence de l’eau, la Fédération Départementale, etc.
- Menez-vous des actions concrètes pour entretenir, protéger, restaurer les cours d’eau et les zones de pêche ?
Chaque année, nous organisons deux à trois opérations de nettoyage le long de notre parcours truite. Nous assurons aussi la surveillance grâce à deux gardes-pêche assermentés, spécifiquement pour nos lots de pêche. Nous entretenons également nos étangs, et nous prenons en charge le rempoissonnement : c’est nous qui achetons et introduisons les poissons, grâce aux cotisations des pêcheurs.
En parallèle, nous organisons plusieurs manifestations, notamment des concours de pêche, carnassier (pour les gros poissons du style brochet) et poisson blanc (petits poissons).
Notre école de pêche est aussi un pilier de nos activités. Nous organisons chaque année entre 10 et 15 séances, mais nous sommes limités en nombre de participants, faute d’animateurs. Depuis deux ans, nous accueillons un maximum de huit jeunes par session. L’inscription à l’école est gratuite, il suffit d’avoir une carte de pêche de notre association.
Tout le matériel est prêté, nous avons investi depuis 2005, et parfois la Fédération nous fournit également du matériel. L’idée, c’est de permettre aux jeunes de découvrir la pêche sans devoir s’équiper dès le départ. Ensuite, s’ils accrochent, ils peuvent s’équiper à leur rythme.
Enfin, comme toute association, nous avons besoin d’animateurs pour assurer les cours à l’école. Le minimum légal est de 7 bénévoles, le maximum de 15. Actuellement, nous sommes tout juste à la limite, alors même que nous vendons entre 700 et 800 cartes chaque année. Idéalement, ce sont ces adhérents qui devraient former la base de nos bénévoles, mais comme dans beaucoup d’associations aujourd’hui, il est très difficile de recruter.
- Quels sont les cours proposés dans votre école de pêche ?
À l’école de pêche, on commence par les bases : on apprend aux jeunes à monter une ligne, à connaître les différentes espèces de poissons, à comprendre le rôle des éléments comme les bouchons…
Après les notions théoriques, on passe à la pratique sur l’étang : on leur apprend à sonder le fond, à choisir les bons bouchons, à repérer les touches, à préparer les amorces, à accrocher les appâts (asticots, vers de vase…), à faire les nœuds, et bien sûr à utiliser l’épuisette.
Tout cela peut sembler évident pour un pêcheur expérimenté, mais pour un débutant, ce sont des gestes à apprendre avec patience.
Et pour ceux qui souhaitent aller plus loin, il est même possible de se lancer dans la compétition. Cette année, nous avons eu une belle surprise puisqu’un de nos jeunes va participer à la finale nationale du Junior Fishing Tour, en septembre. Il ira donc représenter la région lors de la finale nationale, qui se tiendra près de Châteaudun. Une vraie fierté pour nous !
- Pensez-vous qu’il est important de sensibiliser à la protection des milieux aquatiques dès le plus jeune âge ?
Oui, absolument. C’est même essentiel. On le constate nous-mêmes sur le terrain. Par exemple, notre secteur est actuellement envahi par les cormorans, qui se nourrissent massivement de poissons. Or, ces oiseaux sont protégés et nous n’avons pas le droit d’intervenir pour réguler leur population, même s’ils ont un impact réel sur nos écosystèmes.
Autre exemple avec les déchets laissés au bord de l’eau, et en particulier les fils de pêche abandonnés. On insiste beaucoup là-dessus avec les jeunes. On leur apprend à bien récupérer leurs fils, à ne pas les laisser traîner. Ce sont de petits gestes, mais ils sont fondamentaux. Un fil de pêche oublié peut facilement piéger un oiseau, l’empêtrer et le tuer. Ce sont des choses qui arrivent, malheureusement. C’est pourquoi on leur inculque très tôt les bons réflexes pour protéger le milieu naturel.
- En quoi le don de 1500 euros du groupe SGP va-t-il aider votre association ?
L’objectif, c’est surtout de pouvoir renouveler notre matériel et proposer des équipements plus modernes. Le matériel que nous utilisons actuellement a parfois plus de quinze ans. Avec le temps, il s’use, et si l’on veut initier les jeunes à de nouvelles techniques de pêche, il faut aussi pouvoir investir dans des outils adaptés.
Je me souviens qu’en 2005, à la création de l’école de pêche, nous n’avions qu’un simple siège pliant et une canne de trois mètres, offerts par la Fédération nationale. Depuis, nous avons fait évoluer les choses, et chaque année nous investissons pour améliorer le matériel mis à disposition des jeunes. Et comme l’école de pêche est gratuite, nous ne leur demandons aucune participation, ni pour les appâts, ni pour le prêt de matériel.
Tout est financé par l’association, grâce aux cotisations et aux ventes de cartes, et la fédération de pêche de la somme nous octroie également une somme de 40€ par élèves par an pour les APN (Atelier Pêche Nature) du département.
Mais pour nous, cela reste un investissement sur l’avenir car ces jeunes vont peut-être découvrir une passion pour la pêche, continuer de pratiquer, et s’inscrire durablement dans notre association. C’est une manière aussi de leur proposer une alternative saine aux écrans, en les reconnectant à la nature et à la vie en plein air.
Évidemment, nous devons aussi gérer un budget global pour le rempoissonnement ou l’organisation de concours. Nous devons faire en sorte que chaque dépense compte.
- Avez-vous un projet pour votre association que vous aimeriez voir se concrétiser dans les prochaines années ?
Pour les années à venir, j’aimerais vraiment pouvoir accompagner certains jeunes vers la compétition. Notamment ceux qui sont passés par notre école de pêche et qui montrent une vraie motivation.
Heureusement, nous pouvons compter sur l’aide de notre magasin de pêche local, qui nous propose régulièrement des tarifs préférentiels. C’est un vrai coup de pouce.
Mais ce qui nous manque surtout aujourd’hui, ce ne sont pas les idées ni la motivation, mais les bénévoles. Il y a quelques années encore, la Somme comptait bien plus d’écoles de pêche, aujourd’hui, il n’en reste plus que trois. Même Amiens, pourtant l’une des plus grosses associations à l’époque, a vu son activité diminuer.
Le constat est le même partout, on manque de bras, d’encadrants, ce qui nous amène à refuser des jeunes à l’école de pêche. Si, idéalement, ils disposent d’une expérience ou d’un intérêt pour la pêche en compétition, afin d’encadrer cette nouvelle dynamique, ce serait parfait !