Une étude menée par une criminologue britannique, Emmeline Taylor, démontre que les caisses automatiques inciteraient d’honnêtes clients à voler dans les magasins. Alors que ces caisses se développent dans les supermarchés, leurs directeurs observent de nouvelles techniques de vols.
Prenons l’exemple de clients qui font passer les légumes coûteux pour des carottes dont le prix est très bas. Au Royaume-Uni, un client sur cinq admet voler régulièrement pour environ 15 livres par mois en utilisant ces caisses, un fléau qui représente un manque à gagner pouvant aller jusqu’à 1,6 milliard de livres par an.
Pour la criminologue, les « chapardeurs » sont des « honnêtes gens ». Elle distingue deux profils : ceux qui volent « accidentellement » en se trompant lorsqu’ils scannent leur achat, et ceux qui enregistrent des produits moins chers que ceux qu’ils mettent dans leur panier. Deux motivations pousseraient les clients à voler : la compensation d’un manque de service client, et la contrariété engendrée par les problèmes liées aux codes-barres et à la technologie.
Que faire pour y remédier ?
Dans les enseignes de la grande distribution, pour éviter ces nouvelles techniques de vol à l’étalage, des agents de sécurité sont sollicités pour surveiller les caisses automatiques et contrôler de façon aléatoire les clients. Les agents en uniforme sont également un moyen de dissuasion efficace contre le vol à l’étalage. Avec le développement de nouvelles formations dédiées, telle que la lutte contre la démarque inconnue, ces agents expérimentés apprennent à détecter les attitudes et comportements des personnes susceptibles de dérober un article dans le magasin.
Côté technique, des mesures toujours plus avancées permettent de détecter les signes avant-coureurs de vol à l’étalage. Au Japon, une solution de surveillance a été trouvée pour prévenir les vols dans les magasins. A travers un système de caméras de surveillance associé à une IA, le comportement corporel de voleurs potentiels est analysé. Un dispositif qui a d’ores et déjà permis de réduire de 40% les vols à l’étalage dans le pays.
La solution, des magasins sans caisses ?
La simplification du processus d’achat et la recherche constante du gain de temps, symbole d’une société en pleine ubérisation, entraine nécessairement une redéfinition des modes de distribution. Amazon ouvrait début 2018 à Seattle son premier supermarché connecté, sans caisse. Un dispositif inédit mis en place par le géant américain qui veut modifier les usages dans les magasins « en dur ». L’objectif : gagner toujours plus de temps, pas de files d’attentes, et pas de règlement.
Grâce à l’application Amazon Go, les consommateurs scannent leur smartphone à l’entrée du magasin, en passant par un tourniquet automatique. L’application, associée à une carte de crédit, sert de panier virtuel. Des capteurs détectent et comptabilisent virtuellement les produits pris par les clients pendant leurs courses. Une fois les courses achevées, le client quitte le supermarché sans sortir son argent. Il reçoit par la suite la facturation de ses achats sur son compte Amazon.
Avancée notable certes, mais comment s’assurer que le système de reconnaissance d’Amazon dans son supermarché sans caisse est fonctionnel, et que faire s’il ne l’est pas (par exemple dans le cas d’une cyber attaque) ? Des questions nouvelles qui devront être traitées en partenariat avec les entreprises de sécurité privée, afin de bénéficier de leurs expertises. Formation et prévention seront une nouvelle fois mises sur le devant de la scène.