Pour un « big bang » de la formation des agents de surveillance humaine !

Pour un « big bang » de la formation des agents de surveillance humaine !

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Voilà 42 ans que les métiers de la surveillance humaine sont reconnus par la loi. Et voilà près de 10 ans que le continuum de sécurité nationale a été érigé en socle de l’organisation de la sécurité intérieure en France, actant ainsi que les agents de surveillance concourent de façon indispensable à la sécurité générale de la nation.

Et pourtant… par-delà les constats et les concepts, la formation de ces femmes et de ces hommes qui devraient incarner le professionnalisme, la rigueur et la réactivité est systématiquement négligée.

Année après année, réformette après réformette, l’accumulation des heures et des modules dissimule maladroitement une réalité bien plus prosaïque : contrairement à ses voisins les plus immédiats – dont l’Espagne ! – la France échoue à former des agents à la fois opérationnels et fiers de leur diplôme.

Aussi est-il urgent de sortir de cette approche quantitative pour aller vers une véritable logique de compétences. Bref, il est temps d’amorcer un « big bang » de la formation.

L’empilement d’heures au nom de la montée en compétence est un contresens !

La volonté d’améliorer la qualité du service de sécurité rendu par un agent de sécurité privée est légitime. Sans-doute est-ce même unanimement partagé. Or, depuis plusieurs années, la réponse réglementaire à cet objectif a été l’augmentation constante du volume horaire des formations, jusqu’à atteindre de 175 à 210 heures pour obtenir le titre à finalité professionnelle (TFP) d’agent de prévention et de sécurité (APS). Cette inflation repose sur une idée simple : plus longtemps on forme, mieux c’est. Quelle ineptie !


En multipliant les modules, on surcharge les programmes sans réelle articulation pédagogique. Les formations deviennent chronophages pour les candidats, coûteuses pour les organismes et inefficaces pour les employeurs, qui continuent de déplorer un manque de professionnalisme sur le terrain. Les candidats s’épuisent, les centres de formation se professionnalisent peu, et les employeurs attendent… attendent… puis embauchent des agents à peine plus aguerris qu’à leur entrée dans la profession.


Au bout de ce tunnel, un examen, théorique et pratique délivre des diplômes sans grande valeur. La formation, à défaut d’être un levier de professionnalisation, est, au mieux, un goulot d’étranglement. Et que dire d’un examen où celui qui forme valide lui-même la compétence ? Ce serait, pour filer la métaphore, comme si chaque auto-école délivrait le permis à ses élèves selon ses propres critères. Personne n’y songerait. Et pourtant, la surveillance humaine le fait !


Le formateur est l’examinateur, et l’indépendance de l’évaluation devient dans certains centres de formation… un lointain mirage. Les dérives sont là, sous nos yeux : des agents certifiés mais peu préparés à leur futur métier, des formations où on empile les heures pour le principe, des évaluations souvent complaisantes…

Certaines entreprises, lucides, prennent les devants. Le groupe SGP, entre autres, a choisi de créer sa propre structure de formation, pour en maîtriser la qualité. Preuve que le secteur ne croit pas en la régulation actuelle pour assurer un niveau professionnel décent, de plus en plus d’entreprises de surveillance humaine suivent son exemple.

Pendant ce temps, la logique réglementaire reste figée sur le volume d’heures. Pourtant, en 2025, l’efficacité ne devrait pas se compter en temps passé, mais en compétence acquise.

Mobilisons de nouveau l’exemple du permis de conduire : l’État impose un nombre d’heures minimal, mais seul un examen rigoureux, indépendant, permet l’obtention du permis. Celui qui sait conduire conduit. Celui qui ne sait pas recommence.

Dans la sécurité privée, on fait l’inverse : on forme sur de longues semaines et sans exigence uniforme à la sortie.

Le changement de paradigme impose de réfléchir en socle de compétences

Il est urgent de repartir des fondamentaux : que doit savoir faire un agent de surveillance ? Que doit-il maîtriser ? Comment vérifier qu’il est prêt ?

Il est nécessaire d’inverser le raisonnement. Réduire drastiquement les heures obligatoires pour redonner de l’air aux employeurs, renforcer le niveau de l’examen final, et ouvrir des équivalences automatiques pour les profils déjà formés à la sécurité (anciens militaires, gendarmes, policiers nationaux ou municipaux).


Le modèle idéal, inspiré de l’Espagne, n’est pas inatteignable, tant s’en faut. Il repose sur une base solide : des compétences vérifiables et un examen indépendant.

• Réduction significative (divisée par trois !) du tronc commun de formation à 50-70 heures maximum.
• Examen national obligatoire, organisé dans des écoles de police ou de gendarmerie pour bénéficier d’infrastructures adaptées et d’un bon maillage territorial.
• Examinateurs réservistes, mobilisés les week-ends pour éviter toute perturbation du fonctionnement habituel des écoles.
• Financement de l’examen par le candidat, sur le modèle du permis de conduire.
• Épreuves sportives obligatoires pour évaluer la condition physique minimale requise.
• Cérémonie de fin d’examen : chant de la Marseillaise au garde-à-vous devant le drapeau, symbole d’un engagement civique.

Une telle restructuration redonnerait du sens au diplôme, remettrait la valeur au centre du métier, et en rehausserait l’image. Les agents y gagneraient en fierté, les entreprises en confiance et la République en sécurité.

Il est temps d’en finir avec un système qui accumule les heures sans valeur ajoutée. Pour rehausser la filière de la surveillance humaine, il faut relever le niveau de la formation. Cela passe par une refonte complète du modèle : moins de temps passé sur les bancs de l’école, des examens fiables et une symbolique forte.

Cette réforme permettrait aux agents de retrouver une fierté professionnelle, aux entreprises de recruter plus efficacement, et au secteur de gagner en crédibilité. Mais elle suppose un choix clair : se donner les moyens de ses ambitions. Sinon, on en restera, comme depuis cinquante ans, aux petites ambitions que nous autorisent nos faibles moyens.

Guillaume FARDE

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