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Groupe Sgp Formation IL EST TEMPS D’AUGMENTER LES PRIX Hor 111

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2005 – 2025 : voici deux décennies « pile-poil » que j’exerce dans cette profession que j’aime tant. La sécurité privée, ce microcosme si spécifique qui est tant décrié, mais où au final tout le monde « grenouille » et reste.

Mon titre vous semble-t-il provocateur ? Ce n’est clairement pas mon cas.

Je dirais plutôt qu’il est censé, qu’il est mature et surtout qu’il est désormais nécessaire. Je me permets de dresser un constat, me semble-t-il partagé par beaucoup, en trois parties. C’est l’histoire d’un essoufflement, d’une nécessité et d’une maturité. J’ose espérer que la profession dans son ensemble, mes estimés confrères, nos indispensables donneurs d’ordre mais aussi les syndicats patronaux et salariaux entendront cet appel. Et j’ose espérer qu’en 2045, cela aura servi à quelque chose.

ESSOUFLEMENT :

C’est un sentiment que je perçois triplement : chez les salariés terrain, dans les équipes supports mais aussi parmi les cadres dirigeants.

Sur le terrain, les agents de sécurité ont tellement évolué : complexification des systèmes caméras, complexification des bâtiments, complexité des nouveaux risques, complexification de la loi. A cela s’ajoute des éléments qui ne font que s’accentuer : l’insécurité grandissante, les incivilités, le manque de reconnaissance.

Sur les supports, même sujets : complexification du droit du travail, complexification de la loi, complexification des systèmes d’information (il faut pas moins de six logiciels pour l’intégration d’une nouvelle recrue…), complexification de la formation professionnelle. N’oublions pas non plus un profond changement de paradigme dans le monde du travail contemporain où la motivation et la question du sens deviennent elles aussi complexes.

Pour les cadres dirigeants, là encore mêmes sujets : complexification des normes et du droit, complexifications fiscales, lois aux effets rétroactifs… En définitive c’est tout le spectre entrepreneurial qui a quitté le champ du compliqué pour entrer dans celui du complexe : RSE, DSI et Cyber, Social, Sociétal, Finances, Ethique, Marketing, Réseaux sociaux…et j’en passe.

Un essoufflement, par définition au sens figuré se traduit par : « Le fait de perdre son dynamisme ». La sécurité, malgré un dynamisme de marché réel, s’essouffle depuis plusieurs années. Comment peut-on motiver quand les salaires sont aussi bas ? Comment peut-on motiver lorsque les charges sont aussi lourdes ? Comment peut-on motiver quand on en est réduit encore trop souvent à faire des enchères inversées lors d’un appel d’offre, et où en prime on vous reproche de ne pas faire de recherche et développement !

Il est largement temps, pour éviter l’étouffement critique de notre écosystème d’augmenter les salaires et nos marges.

NÉCESSITÉ :

Connaissez-vous le résultat net des sociétés de nettoyage ? Savez-vous celui des sociétés d’intérim ? Le fait de s’intéresser à ce qui se passe en externe, de discuter en dehors de nos cercles, d’avoir des amis dans diverses professions m’ouvre sur d’autres schémas et d’autres possibilités. C’est à ce titre que j’espère interpeller, que j’espère faire bouger les lignes.

Les métiers de l’intérim émargent avec un résultat net situé entre 6 et 11%, les métiers du nettoyage émargent entre 5 et 10%. De notre côté nous exerçons dans un métier largement plus réglementé, plus contrôlé et évidemment plus à risques. Dès lors, comment se fait-il que la profession n’oscille qu’entre 0 et 3% pour les meilleurs ? Notons qu’en voyant les tarifications proposées à l’occasion par certains confrères, je me demande comment ils arrivent ne serait-ce qu’à produire des résultats positifs…

Comment créer des avantages concurrentiels pour les clients ? Comment motiver ses salariés en les payant mieux, en leur offrant des avantages quand notre « plancher » est aussi bas ?

Comment investir massivement pour proposer à nos clients des prestations haut de gamme si nous avons des marges aussi faibles ?

Un électrochoc de la profession, de notre branche et de nos organisations syndicales est plus que jamais nécessaire. Nous devons quitter l’âge de la précarité pour entrer dans celui de la maturité.

MATURITÉ :

Depuis la création du CNAPS en 2011, j’espère que le marché bascule enfin dans sa phase de maturité. Un marché, comme une entreprise, a plusieurs phases et finit normalement par atteindre, au bout d’un certain temps, qui n’est jamais un temps certain, une phase de maturité. Nous le savons, une des entreprises du top 10, en avril 2025, a été très fortement sanctionnée par une décision du CNAPS. La profession, aussi choquée fut-elle par l’ampleur de la mesure, n’a finalement aucunement bougée. Les donneurs d’ordre, aussi décontenancés furent-ils par cette information sans précédent, n’ont pas durci pour autant leur cahier des charges.

Que devons-nous attendre ? Quel évènement encore plus impactant serait nécessaire, pour qu’enfin, on comprenne qu’il est indispensable d’entrer dans une phase de maturité ?

A mon sens, la maturité se traduit ainsi :

→ Par des entreprises en bonne santé financière ;
→ Par des entreprises qui investissent massivement dans la R&D ;
→ Par des entreprises qui sont respectées par l’Etat ;
→ Par des entreprises qui paient correctement leurs salariés ;
→ Par des entreprises qui, tous les ans, proposent de nouveaux produits à leurs clients ;
→ Par des salariés qui sont heureux d’être reconnus ;
→ Par des salariés qui peuvent vivre décemment ;
→ Par des salariés qui peuvent se former tout au long de leur carrière ;
→ Par des salariés qui ne demandent pas des acomptes de manière hebdomadaire ;
→ Par des salariés qui sont fiers d’appartenir à une profession ;

LE TEMPS EST VENU

Chers lecteurs, je pense que vous l’avez compris, il est temps d’augmenter les prix, il est temps d’entrer enfin dans une phase de maturité. Il est temps que nous devenions des entreprises « normales » et non des entreprises « précaires ». Il est temps aussi que nos salariés deviennent des salariés « normaux » et non des salariés « précaires ».

Augmenter les prix va aussi de pair avec une redéfinition des volumes chez nos clients. Il y a bien entendu des optimisations possibles, il y a aussi, bien entendu, une alliance hommes-technologies à porter.

L’indice des couts de revient[1] porté par le GES (Groupement des Entreprises de Sécurité Privée) est une des solutions. Encore faut-il que celui-ci soit appliqué à l’ensemble des contrats. A quand sa parution au journal officiel ?

Il est temps maintenant de sortir des postures, des histoires d’ego qui nous paralysent et de cette spirale qui nous maintient sans cesse vers le bas. Nous devons désormais tous : « faire pour notre profession » et tout son microcosme.

Chers amis, il est « vraiment » temps.


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