La DARES a publié récemment une étude portant sur l’apprentissage[1]. On y apprend que plus de 800 000 contrats d’apprentissage ont été signés en France en 2024 soit une hausse de 3% par rapport à 2023.
Preuve de la bonne santé de ce dispositif, l’apprentissage offre en effet de nombreux avantages : amélioration des compétences d’un employé, extension progressive de ses connaissances métiers mais aussi de celles propres à l’entreprise, nombreux sont les bénéfices liés à cette pratique pérenne.
Dans cet article nous nous concentrerons uniquement sur l’apprentissage dans son acception traditionnelle soit le développement d’une double relation particulière, celle établie en présentiel entre l’apprenti et son maitre d’apprentissage mais également entre l’apprenti et son ou ses formateurs en centres de formation d’apprentis (CFA).
On peut ainsi dire que l’apprentissage traditionnel crée une certaine « culture d’apprentissage continu»[2] chez l’individu, qui lui permet non seulement de s’épanouir dans son rôle, tout en contribuant au développement de l’entreprise.
L’apprentissage traditionnel : voie royale de transmission des savoir-faire
Sous sa forme classique, l’apprentissage convie un salarié expérimenté, disposant d’une approche pédagogique, à transmettre son savoir-faire à un apprenti. Cela s’accomplit en situation réelle de travail dans le cadre d’un accompagnement personnalisé.
C’est une méthode qui favorise l’interaction, en plus de tisser des liens humains entre les pairs qui perdurent bien au-delà de la formation.
Dans de nombreux métiers, cet apprentissage favorise l’assimilation rapide des gestes et réflexes professionnels mais également les valeurs de l’entreprise accueillante.
Les centres d’apprentissage jouent de leur côté un rôle complémentaire puisqu’ils permettent aux élèves de confronter la réalité concrète du terrain avec les attendus réglementaires et légaux, aux pratiques telles qu’elles devraient se faire « dans les règles de l’art ».
Aux stagiaires ensuite de naviguer entre ces deux pôles qui peuvent à l’occasion s’opposer. Le stagiaire peut ainsi lorsqu’il retourne en entreprise apporter au maitre d’apprentissage un ensemble de connaissances actualisées et en faire profiter son référent professionnel. D’une relation initialement purement verticale on aboutit alors à un échange de connaissances horizontalisé.
Une des grandes forces de l’apprentissage traditionnel au sein d’une entreprise est la possibilité pour le tuteur de s’adapter en temps réel aux besoins spécifiques et aux faiblesses temporaires de l’apprenti. On y apprend également des savoirs déployés de façon plus pragmatique, plus efficace mais aussi parfois plus limité.
Il appartient alors au centre de formation d’apporter le complément d’information sur ce qui n’est pas vu, pas fait en entreprise.
Si l’on prend l’exemple des métiers de la sécurité, l’apprenti est généralement placé sur un site, parfois deux, rarement plus et ce pour plusieurs raisons.
Tout d’abord il ne faut pas oublier les problématiques de déplacement des jeunes apprentis. Tous n’ont pas les moyens de disposer d’un véhicule personnel rendant de fait leur accès à certains sites clients situés en périphéries plus compliqué.
De plus, tous les clients ne sont pas favorables à l’accueil d’apprentis sur leur site compte tenu de la nature particulière de ce qu’ils produisent ou contiennent sur leur site. Enfin, la spécialisation des sites eux-mêmes conduit à la spécialisation des métiers des agents de sécurité.
Une palpation de sécurité, un contrôle par rayons X ne sera, sauf exception, pas pratiquée en site industriel alors qu’il fera partie des moyens et méthodes mis à dispositions en sites institutionnels.
L’apprentissage traditionnel, un investissement durable
Le fait de former un apprenti en interne favorise un sentiment d’appartenance fort, que ce soit pour le maitre ou pour l’apprenant. Un lien de confiance et d’engagement finit par se créer, renforçant ainsi la culture et les valeurs transmises au sein de l’entreprise.
Ce sentiment peut également se traduire vis-à-vis du centre de formation tant la relation formateur-stagiaire s’articule sur les mêmes ressorts affectifs que la relation maitre – apprenti.
Parmi les mécanismes favorisant l’appartenance, il est essentiel de faire prendre conscience à l’apprenti de son importance au sein de son entreprise, d’insister sur l’engagement social.
En évoluant dans de bonnes conditions au sein même d’une entreprise, l’apprenti développera un sentiment de loyauté envers la société.
Cette loyauté agira sur le renforcement de la fidélisation du personnel. Le ressort psychologique est ici plutôt simple : l’entreprise ayant accueilli l’apprenti est bien celle qui à su donner sa chance à celui ou celle qui en avait justement le plus besoin.
La reconnaissance et le désir de bien faire joue alors à plein. Qu’attendre de plus de la part de jeunes collaborateurs ?
L’apprentissage traditionnel a encore de beaux jours devant lui. Jouissant d’une aura positive il permet à la fois à un apprenti d’apprendre les réalités concrètes du métier tout en bénéficiant d’une formation qualifiante. Pour l’employeur, outre l’avantage économique, cela représente une chance de valoriser son personnel d’expérience, l’orientant vers un parcours d’accompagnement et de partage.
Il n’en demeure pas moins que ce dispositif reste en partie dépendant du soutien de l’Etat et des subventions afférentes, en partie garant de sa popularité au sein des entreprises.
Ce type d’apprentissage connait également ces dernières années une évolution intéressante du côté des centres de formation avec le plein développement des offres en e-learning. Un modèle qui offre d’autres opportunités et dont nous reparlerons une prochaine fois !
[1] https://www.dares.travail-emploi.gouv.fr/donnees/series-longues-le-contrat-dapprentissage
[2] Comprendre l’apprentissage en entreprise : Au-delà des attentes
